Le jour où j’ai fabriqué un « Cat à Clown »

Au cœur du village Troglobal, un petit atelier atypique trône à l’entrée de la cour commune, telle une tourelle de château fort. La pièce baigne dans la lumière du jour, grâce à sa haute verrière. On s’y sent bien, au milieu d’une multitude de morceaux de verres colorés soigneusement rangés par couleur.

Le jour où j’ai écouté du Didjeridoo à l’Hélice Terrestre

Il existe de ces lieux qui vous transportent au point de se croire dans un film de science fiction, sur une planète lointaine. Celui-ci se trouve taillé dans la roche. Un labyrinthe sculpté à coup de burins et d’imagination. Le créateur Jacques Warminski a commencé à réhabiliter l’Orbière, un dédale d’habitations troglodytes laissé à l’abandon dans les années 1950, puis transformé en décharge. Il a peu à peu racheté tous les terrains, puis commencé les travaux en 1990. Il acheva son œuvre en 1994, soit deux ans avant son décès.

Le jour où j’ai rencontré un photographe ambulant

Le doyen du village troglodyte TrogloBal s’appelle Gajac. Ma première rencontre avec lui se fait dans la cour commune. Il sort de sa grotte, pipe au bec, et s’assoit discrètement. Il observe sans dire mot. Son regard malin, et son sourire bienveillant m’intriguent. Sans savoir pourquoi, j’éprouve directement une grande sympathie à son égard. J’entame la conversation maladroitement « Bonjour, c’est toi qui a pris les photos suspendues dans la cuisine ? » Il me répond par un hochement de tête puis « Tu as lu ma gazette ? » Je comprends qu’il me jauge. Il ne sait pas ce que je fais là, et veut en savoir davantage avant de se dévoiler.

Le jour où j’ai dormi dans une grotte

Grézillé, le 14 Août 2020. Je me dirige vers l’est, à travers les vignes et les campagnes au sud d’Angers. Un ami m’avait parlé d’un village étonnant. Cette étape de mon voyage n’est pas prévue, mais ma destination n’est pas un hasard. La carte me fait passer à travers des plantations de résineux, manifestement à …

Le jour où j’ai campé au milieu des gens du voyage

Le ciel s’assombrit de jour en jour, mais les orages prévus n’arrivent pas. J’ai quitté l’autoroute cyclo-touristique depuis Amboise, pour retrouver les éternels champs dorés qui me suivent depuis le début de mon voyage. Je me dirige vers le sud, sur des nationales peu empruntées. Ici, les touristes se font rares, et les maisons dispersées.

Le jour où une étoile m’a guidée

Je rejoins la Loire juste après Blois, et décide de me diriger vers Amboise. L’ambiance change complètement. C’est un itinéraire très touristique, surtout pour les cyclistes. La Loire amène de la verdure, des arbres sur les berges inondables, et la voie verte la longeant est parfaitement entretenue. Evidemment, je rate un panneau, et me retrouve sur une nationale peu empruntée par les voitures.

Le jour où j’ai déniché des mains d’or

Je m’arrête dans un petit village isolé du perche. J’ai quitté la voie verte monotone, pour retrouver les éternels champs de blé, de tournesol et de maïs. Les montées et descentes s’enchaînent sans interruption. Je m’assois à la terrasse d’un petit café, en écoutant le patron me raconter l’histoire des 3 pompes à essence anciennes voisines. « La propriétaire est décédée il y a 5 ans, mais la mairie devrait les enlever prochainement. » Devant mon café encore brûlant, un bruit me fait sursauter. Il provient d’une tapette à mouche, violemment projetée contre la vitre par la patronne du bar. Mon voisin de table me sourit en me disant « Ça surprend la première fois ».

Le jour où tout a basculé

Je voyage depuis quelques jours sans m’arrêter. Depuis Mortain, je suis partie vers l’Est, puis vers le Nord. L’Orne a très peu de pistes cyclables. Les routes sont très étroites et dangereuses à vélo. Les montées et la cadence commencent à peser sur mon moral. Et surtout, l’inconnu est jalonné de grands champs de maïs et de blé, cultivés de façon industrielle. Les remorques pleines de ballots se succèdent à un rythme effréné, et les tracteurs laissent derrière eux des champs dénués de toute vie végétale ou animale.

Le jour où j’ai gravi la Côte 314

Après quelques jours à rouler sur une ancienne voie ferrée, transformée en voie verte monotone, je gravis une côte interminable où trône Mortain, un village Manchois. Alors que j’arrive au bout, traînant mon vélo à côté de moi sous un soleil de plomb, j’aperçois un viel homme tendant une bouteille d’eau à une autre cycliste exténuée. Il se tourne vers moi et me demande si moi aussi je veux de l’eau fraîche. J’accepte volontiers son élan de générosité, qui me rafraîchit autant le corps que l’esprit. Voilà comment je suis accueillie dans cette commune dès mon arrivée.