Confinement classe #1, jour 10.

Parole aux familles et enseignants confinés

Merci aux modèles, Elodie et sa fille Willow – 2018

Plus de 12 millions d’élèves sont scolarisés dans les écoles, collèges et lycées de France. Le confinement brutal a déclenché une refonte provisoire de l’enseignement. Chacun a dû s’adapter à cette nouvelle organisation. Je te propose aujourd’hui, et dans les jours à venir, une série de portraits de familles et d’enseignants, qui s’activent pour assurer la continuité pédagogique de cet enseignement.

Lucile, professeur de SVT

Qui es-tu ?

Je m’appelle Lucile, professeur de SVT au collège Jules Ferry à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val de Marne. J’enseigne aux élèves de tous les niveaux du collège (de la 6ème à la 3ème), et également des élèves UPE2A (non francophones) et des élèves ULIS (ayant des difficultés cognitives) intégrés dans certaines classes.

Quels outils utilises-tu ?

J’utilise deux outils, Pronote (notre ENT au collège) et Padlet (pour y mettre tous les cours au complet, les exercices, les fiches de révision, des liens vidéos et de sites intéressants). De plus, j’ai une adresse mail « SVT » créée spécialement pour le confinement. 

Sur Pronote, je remplis mon « cahier de texte » au jour le jour, parfois avec 2 jours d’avance, où je détaille le travail à faire. Ce sont des documents .pdf de cours à compléter, ou à recopier dans le cahier. Une fois le travail terminé, les élèves se connectent sur le Padlet pour accéder à la correction de leur travail. 

Concernant les devoirs, je leur donne souvent un ou deux exercices, suivi d’un contrôle par chapitre. J’essaye d’étaler au mieux la charge de travail pour que les élèves et les familles ne se noient pas. Ces devoirs me sont ensuite rendus via Pronote, mail, document pdf / word / LibreOffice ou simplement sous forme de photo. Les élèves ont également à disposition un “chat” sur Pronote, lorsqu’ils ont des questions.

Je n’utilise pas l’outil « ma classe à la maison » du CNED. Cela nécessite une bonne connexion internet et une connexion simultanée de tous les élèves d’une même classe.

Quels sont tes autres moyens pédagogiques ?

Quand des documentaires intéressants passent à la télé ou sont visibles en replay, je n’hésite pas à le signaler aux élèves. Les maisons d’édition de manuels ont rendu disponible les manuels en format numériques gratuitement. D’autres sont même  interactifs, et mènent vers des sites ou vidéos ressources.  Je m’inspire aussi du site d’un collègue de SVT, qui a l’habitude de travailler toute l’année en numérique avec ses élèves.  Enfin, avec mon syndicat, le SGEN, on a créé un groupe d’entraide pédagogique sur Facebook.

Que fait ta direction ?

Ma direction m’envoie surtout des mails, vers des liens pour « s’autoformer » aux cours à distance comme le CNED, Pronote, et autres ENT., et vers les textes officiels sur l’organisation globale de l’enseignement pendant le confinement sur Eduscol. Ils appellent cela la continuité pédagogique. Je reçois également par mail le suivi de chaque élève, s’ils se sont connectés à Pronote depuis le confinement et surtout leurs réelles difficultés à se connecter. Je peux ainsi faire le tri entre ceux qui n’ont vraiment pas internet et ceux qui ne travaillent pas, ou jouent à Fortnite (on en a beaucoup). Je sais que la direction reste disponible auprès des familles qui appellent assez souvent.

Comment les parents réagissent-ils ?

Personnellement, je n’ai pas de retour direct de la part des parents. Peut-être que les professeurs principaux ou  la direction ont des retours sur le sentiment des parents face à l’enseignement à domicile. Ceci dit, certains parents autour de moi m’ont rapporté que le travail demandé au collège est assez conséquent, et s’ajoute à la charge de travail des parents, surtout si les enfants ne sont pas assez autonomes et sérieux. Pour ma part, je n’ai pas de visibilité sur la quantité de travail donnée par les autres collègues, ce qui est compliqué pour ajuster la mienne en conséquence.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les familles ?

J’enseigne dans l’une des villes les plus pauvres du Val-de-Marne. Il y a des difficultés matérielles pour certaines familles, qui n’ont pas d’ordinateur ou de connexion internet. Il peut n’y avoir également qu’un seul ordinateur pour toute la famille. La maîtrise des outils informatiques peut aussi être une difficulté. Enfin, il y a des parents qui ne maîtrisent pas ou très peu la langue française, ou ont été peu scolarisés. 

Quelle est ta conclusion ?

J’ai beaucoup de mal à me projeter sur la suite, en ce qui concerne l’enseignement. J’imagine que les examens vont être reportés, et pourraient empiéter sur le mois de juillet. Mais sinon, je tiens quand même à dire que l’on n’était pas vraiment prêt pour l’enseignement à distance. Et quand je dis « on », je ne parle pas que des enseignants qui ont dû s’autoformer très vite, mais aussi des élèves et des familles. C’est difficile à mettre en place du jour au lendemain, cela nécessite des habitudes et du matériel que les familles n’avaient pas forcément au début. Bien sûr, il y a des enseignants et des élèves qui ont très vite su s’adapter, mais pour les autres ça a mis ou mettra du temps.

Un grand merci à Lucile, qui a pris du temps pour répondre à mes questions.

Si toi aussi tu veux témoigner, n’hésites à me contacter !

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