Parole aux familles et enseignants confinés

Plus de 12 millions d’élèves sont scolarisés dans les écoles, collèges et lycées de France. Le confinement brutal a déclenché une refonte provisoire de l’enseignement. Chacun a dû s’adapter à cette nouvelle organisation. Je te propose aujourd’hui, et dans les jours à venir, une série de portraits de familles et d’enseignants, qui s’activent pour assurer la continuité pédagogique de cet enseignement.
Estelle, l’énergie d’une mère confinée
Qui es-tu ?
Je m’appelle Estelle, mère de trois filles, la grande en 3ème, la deuxième en 4ème et la cadette en CM2. Elles ont respectivement 14, 13 et 11 ans. Mon mari est opérateur sur commandes numériques, et moi métallier soudeur, dans l’industrie en Vendée. Nous ne travaillons pas depuis le début du confinement, mais retournons travailler la semaine prochaine.
Comment gères-tu la scolarité de tes filles ?
On a décidé de garder des horaires scolaires. Je me lève à 7h30 pour imprimer les cours de Lauriane deux fois par semaine. Les filles se lèvent à 8h30. Les cours des deux grandes me sont transmis par leurs copines par mail, car elles n’arrivent pas à se connecter sur E-lyco. Lorsqu’elles y arrivent, une fois de temps en temps, cela ne dure pas plus de trois quart d’heures maximum. Aujourd’hui j’ai imprimé 29 feuilles recto-verso. Ensuite, c’est parti pour la journée de cours pour tout le monde.
Le plus compliqué, c’est pour la cadette : dyslexique, dysgraphique, dysorthographique et on soupçonne la dyscalculie. Je ne sais pas où je dois poser les limites, Ses cours sont aménagés à l’école. Mais là, elle reçoit les mêmes que pour le reste de la classe.
Quelle est ta conclusion ? Ta vision des enseignants a-t-elle changé ?
Et bien…J’ai bien fait de ne pas choisir cette voie (rires). Je trouve que la société est trop laxiste sur les valeurs primordiales comme le français, parlé et écrit, les maths dont on se sert dans la vie quotidienne, l’histoire et la géographie du monde, de la France et de notre région. Je pense que l’on veut faire de nos enfants des bêtes savantes dès leur plus jeune âge, leur apprendre des langues étrangères, de la physique chimie, de l’histoire des quatre coins du monde, sans parler de tous les à côté. A mon sens, il serait plus judicieux de commencer à leur enseigner, dès le plus jeune âge, la méthode, le cadre, pour que les fondamentaux soient acquis par tous les élèves sortant du primaire. Ce serait également bien qu’ils puissent choisir une orientation générale en ayant la possibilité de faire plusieurs stages par exemple en 3ème ou 4ème. Cela pourrait peut-être éviter beaucoup de décrochages scolaires avant le passage au lycée. Enfin c’est seulement mes opinions personnelles, et je ne suis pas fermée à celles des autres !
En ce qui concerne mes enfants, la cadette, enfant du “DYS”, je constate vraiment ses difficultés, et c’est ce qui me conforte dans mon idée que l’on cherche à leur mettre trop de choses dans la tête, alors que les bases ne sont pas acquises. Pour la deuxième, qui est très tranquille et ne se prends pas la tête, je ne m’inquiète pas. Le jour où elle trouvera sa voie, elle s’épanouira et commencera à s’y mettre. Pour la grande, je suis en colère, car elle s’est toujours battue pour laisser une bonne image d’elle, car elle sait ce qu’elle veut faire depuis très longtemps. Elle est déterminée et bosseuse, mais cherche désespérément un patron depuis décembre. Malheureusement, je suis sûre que cette crise va la bloquer davantage. Tout cela la rend malade.
Pour ma part, je me rends compte que j’en demande trop, c’est mon côté perfectionniste et à cheval sur les valeurs de respect de soi et des autres, et de mes origines.
Un grand merci à Estelle, qui a pris le temps de répondre à mes questions.
Si toi aussi tu veux témoigner, n’hésites à me contacter !