Saumur, le 15 Août 2020.
Les champs de blé et de tournesol laissent place aux rangées de vignes tirées au cordeau. Les grappes commencent à prendre leur jolie couleur rouge.
Cette nuit, je dors au milieu des vignes. Il faut du mérite pour arriver en vélo dans ce camping, tenu par un vigneron. Le terrain trône en haut d’une interminable pente raide. J’arrive épuisée mais retrouve immédiatement mon énergie au moment de découvrir le large sourire du gérant. « Enchanté, moi c’est Wilfried ». Issu d’une famille de vignerons, l’homme a « roulé sa bosse ». Il a travaillé de nombreuses années dans l’installation et l’entretien de lignes hautes tensions. Wilfried me raconte humblement ses aventures, perché sous le blizzard au sommet de ses pylônes. A l’époque, les équipements de protection n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Les accidents étaient malheureusement fréquents et mortels. Wilfried garde son éternel humour, mais ses yeux deviennent brillants lorsqu’il se remémore ces histoires.

Une fois mon campement installé, le gérant me propose une dégustation de son vin. Petit à petit, les clients venant pour divers raisons, se joignent à nous. Je me retrouve à passer la soirée dans cette ambiance joviale amenée par Wilfried. Puis, pour la première fois depuis longtemps, j’apprécie une nuit sans bruit de route ou de campeurs ivres. La côte en valait la peine finalement.
Le lendemain, je longe la Loire sur quelques kilomètres. Cette voie verte se glisse entre le fleuve et le talus qui protège la route de la colère du fleuve. J’entrevois les dunes pastels qui en parsèment le lit. Les bords de l’eau sont verdoyants, et les oiseaux se régalent de la faune.


Au bout d’un moment, je distingue au loin un groupe de marcheurs. Ils ont une allure étrange, habillés de blanc et vert, un énorme drapeau pointant au dessus leurs têtes.

Ils m’interpellent joyeusement lorsque je les croise. Ils m’expliquent qu’ils ont entamé une marche pour un monde plus juste, en soutien à la “Jai Jagat” (“La victoire de tout le monde” en hindi). Cette marche partie de New Delhi en octobre 2019, arrêtée en mars 2020 à cause de la pandémie, a parcouru des milliers de kilomètres jusqu’en Arménie. Genève est la destination finale de la Jai Jagat. “D’un côté, c’est là que nous pouvons observer le dysfonctionnement du système international : course aux armes, explosion de l’exil, dérèglement climatique, violation des droits humains, drames humanitaires et pillages des ressources naturelles…De l’autre, c’est la ville qui symbolise les droits humains et la solidarité internationale avec les acteurs majeurs.” peut-on lire sur le dépliant qu’ils me tendent. L’objectif de ce cheminement est de recueillir les propositions grâce aux échanges et débats organisés entre tous les participants. Ces propositions visent à lancer un processus de changement sur le terrain, qui pousserait les gouvernements à changer leurs politiques de développement. Les 4 piliers fondamentaux de cette marche sont la réduction de la pauvreté, le combat de l’exclusion sociale et la réduction des inégalités, l’action pour le climat et l’environnement, et la réduction des conflits par la non-violence.
Je les félicite de leur action, qui me semble très courageuse et ambitieuse, et je repars vers l’inconnu, avec confiance grâce à toutes ces initiatives incroyables !
Lorsque rien n’est prévu, tout est possible



Liens utiles :
jaijagatgeneve.ch
Content de te retrouver ! Quelle belle rencontre avec cette action pacifique, grand MERCI pour les liens et tous ces partages !…