Asserac, le 18 juillet 2020

Loïc François
Demi-tour vers l’inconnu ! Je fais le trajet retour en compagnie de Loïc et François. J’apprends à les connaitre sur le chemin. Nous embarquons les 3 vélos dans les breaks des parents de François à Saint Brévin, en direction d’Asserac, à côté de Guérande. Je commence à me sentir vivante. Je n’ai aucune contrainte, en dehors de ce que peuvent supporter mes frêles mollets.
François habite dans une charmante maison au milieu des champs, en compagnie de ses deux fifilles Husky. Ce qui me touche au premier regard chez François, c’est sa sensibilité et son courage. Il vient « de loin », comme il le clame au bout d’une heure de trajet. Depuis 3 ans, il a opéré une profonde transformation sur lui et son mode de vie. Il ressent les rencontres, la nature et les instants de vie avec passion. C’est ce qui fait sa force et son courage. Il m’accueille comme jamais on ne l’avait fait. « Mi casa es tu casa » déclare-t-il à mon arrivée chez lui. Et c’est vrai.
François est ami avec Loïc depuis seulement 2 ans, mais leur attachement mutuel est puissant. Cet éternel baroudeur a vécu tellement d’aventures, qu’il arrive à un moment de sa vie où il se demande ce qu’il peut encore vivre de plus fort. « Je suis un hédoniste épicurien, comme toi ». Il ferme souvent les yeux quand il parle, cherchant les intenses émotions au plus profond de lui même. Il a déjà eu mille vies, mais aucune qui lui permette de résoudre sa quête perpétuelle du bonheur.
Cette belle rencontre me donne confiance en mon projet. Les deux amis m’encouragent à suivre mes rêves. En m’arrêtant devant cette façade décorée par un inconnu, je ne pensais pas que faire demi-tour me mènerait si loin dans l’inconnu.
Le lendemain, François me présente Dominique, paludier passionné depuis 9 ans. Il accepte avec plaisir de me faire découvrir son exploitation, et me laisser ramasser sa précieuse fleur de sel.
Cet homme a repris le marais de son père, à l’abandon depuis longtemps. Après une formation, il a tout appris de l’expérience et de ses erreurs. Je ne connaissais pas du tout ce métier, et je découvre avec plaisir cette nature austère mais calme du bord de mer. Nous sommes entourés de chants, bercés par le doux vent de la côte. Le cri des goélands vient percer de temps à autre le silence apaisant des marais. Dominique s’est découvert avec ce métier. Il faut suivre son instinct et son ressenti, pour éviter les erreurs. Chaque saison apporte son lot de surprises et de déconvenues. Les gestes sont répétitifs, mais ils sont à appliquer selon les marées, le temps et les vents. Cette année, il m’explique qu’il a effectué le travail de curage avant de fortes pluies, qui ont détruit tout le travail. Il tâtonne dans les solutions, il fait des essais pour tenter de rattraper ses erreurs. Le paludier me parle également de son changement d’alimentation. Il pratique depuis plusieurs années l’alimentation vivante. Celle-ci a changé son existence me dit-il. Il se sent revivre et mieux dans son corps. Son énergie débordante est maintenant canalisée, et c’est avec enthousiasme qu’il savoure chaque instant de sa vie saine. Il regrette chaque écart en sentant son corps protester.
Je me lance enfin dans le ramassage de la fleur de sel. Les gestes sont beaucoup moins fluides que les siens, évidemment, mais je finis par y arriver. Le soleil nous assomme mais le vent adoucit la chaleur. Dominique m’offre une partie de ma récolte, et j’enfourche fièrement sur mon vélo avec le fruit de mon travail dans mon baluchon. Il accompagnera mes salades avec Basile le basilic.
Je fais mes adieux à toute l’équipe. C’est un grand moment d’émotion pour tout le monde. J’ai partagé une petite tranche de leur vie, et je pars à nouveau vers l’inconnu, le cœur rempli de magnifiques souvenirs.