Mortain, le 31 juillet 2020
Après quelques jours à rouler sur une ancienne voie ferrée, transformée en voie verte monotone, je gravis une côte interminable où trône Mortain, un village Manchois. Alors que j’arrive au bout, traînant mon vélo à côté de moi sous un soleil de plomb, j’aperçois un viel homme tendant une bouteille d’eau à une autre cycliste exténuée. Il se tourne vers moi et me demande si moi aussi je veux de l’eau fraîche. J’accepte volontiers son élan de générosité, qui me rafraîchit autant le corps que l’esprit. Voilà comment je suis accueillie dans cette commune dès mon arrivée.

Je m’installe au camping municipal, et fais la connaissance de Kevin. Ce trentenaire anglais a décidé de parcourir à vélo la France et l’Espagne pendant quelques mois. Il ne parle pas français, cela me permet donc de pratiquer mon anglais. Nous décidons d’aller boire un verre sur la terrasse de l’Akwa Bar, à l’allure atypique. Et là, nous nous retrouvons immédiatement transportés dans une pièce de théâtre ! Julie, jeune fille sympathique s’assoit à côté de nous, en rigolant à la moindre de nos paroles. Puis arrive Manu, tout droit sorti d’un film sur les gangs de motards, qui nous explique dans un anglais impeccable, qu’il souhaite mixer dans la stratosphère, toujours sous le rire communicatif de Julie. Au bout de quelques instants, la serveuse sort difficilement du bar, un de ses pieds nus étant lourdement bandé. Elle se met immédiatement à parler anglais avec Kevin, en nous expliquant qu’elle a vécu en Angleterre jusqu’à ses 16 ans. Passé la surprise de cette scène, nous passons une excellente soirée à rire aux éclats.
Le lendemain, je retourne boire un café au bar, après m’être ravitaillée au marché de producteurs locaux. Flavie, la patronne du bar dont je devine le sourire généreux derrière son masque, m’invite à dîner. Elle m’explique qu’elle n’a pas oublié le sens de l’accueil et du partage de ses origines Camerounaises. J’accepte avec plaisir, et entame la discussion en terrasse avec Hervé, qui se trouve être Maire de la ville. Il me raconte toute son histoire, tandis que les habitants l’interpellent sur quelques détails communaux. Ce Maire, qui semble à l’écoute des habitants de Mortain, en est originaire. Il m’explique sa façon de voir la fonction qu’il exerce pour la seconde fois. Il a souhaité redynamiser la ville, dont les commerces réouvrent peu à peu. Durant le confinement, il s’est battu pour que le marché ne s’arrête jamais. Quatre élus étaient présents à l’entrée pour expliquer les règles d’hygiène aux habitants. Mais Hervé n’a pas toujours habité Mortain. Il a été trente ans expatrié dans plusieurs pays d’Afrique centrale. C’est d’ailleurs là qu’il a rencontré sa femme, qui se trouve être Flavie, la patronne du bar ! Je prends congé après ce sympathique échange, pour aller visiter la commune dont il m’a tant parlé.
Mortain est une ville fortifiée au Moyen-Age. Sa position stratégique vient de son point culminant à 314 mètres d’altitude, où la vue exceptionnelle permet même de voir le Mont Saint Michel, à 55 km de distance. En 1944, la « Petite Chapelle » fût le théâtre de violents affrontements. plus de 900 jeunes soldats américains peu entraînés ont tenu 6 jours lors d’une contre attaque des soldats allemands. Pendant les combats, les habitants se sont dispersés Une grande partie s’est réfugiée dans une grotte à quelques kilomètres, dont les ancêtres du Maire.
On peut voir à Mortain l’Abbaye blanche, construite au XIIème siècle, l’édifice abritait une congrégation de religieuses en habit blanc (d’où son nom, car elle n’est pas blanche du tout). Depuis la révolution, elle eu de nombreuses vocations, jusqu’à être rachetée pour être prochainement rénovée.
Enfants se baignant en bas de la Grande Cascade Au dessus de la Grande Cascade L’Abbaye Blanche Vue de la Petite Chapelle, en haut de la côte 314
Le lendemain, je vais saluer Flavie avant de repartir. Son accueil chaleureux me va droit au cœur. J’aime son énergie et sa détermination. Au fur et à mesure de toutes ces rencontres, mon enthousiasme grandit. Je repars plus que jamais confiante vers le prochain inconnu.

En repartant de Putanges-Pont-Ecrepin, je tombe sur un camion étonnant. Il est tagué et décoré. J’interpelle le conducteur, Domy, un SDF assumé qui vit dans son véhicule. Je le prends en photo, car sa bonne humeur et son intrépidité me donneront le sourire pour la journée !


Lorsque rien n’est prévu, tout est possible. N’est ce pas ?
Essaie de rencontrer Tugdual il nourrira ta journée j’en suis persuadé 🙂
Toujours aussi passionnant tes récits Mélusine !… Dans une autre vie j’ai parcouru l’Australie en famille et durant 3 années mais je n’avais pas ton talent d’écriture, il faut dire qu’à cette époque c’était le balbutiement du numérique, aujourd’hui je me lance comme tu pourras le voir sur mon blog amateur… La Bretagne m’attire, ce sont mes origines malgré que je n’y ai jamais vécu, grâce à toi j’en découvre un peu plus !… As-tu l’intention d’aller à Trémargat ? Nous n’avons fait que passer une soirée mais tout était fermé mais nous avons tout de même rencontré quelques minutes Tugdual près de son habitation qui se situe au niveau du lac à côté de la colonie, il travaille à la radio KBLX-FM R&B 102.9 c’est une personne engagée. (Cet après-midi je t’ai envoyé un mot via ton blog) Bon vent ! mais dans le bon sens…
Bonjour Gérard,
Je te remercie pour l’intérêt que tu as pour mes aventures ! J’ai bien reçu ton mail, et je te répondrai quand je serai rentrée de mon voyage ! Bon séjour en Bretagne, qui est une région géniale je trouve !
A bientôt,
Mélusine
Merci et bonne route à toi Melusine.
Merci Mélusine pour ce récit de vos rencontres toutes plus chouettes et chaleureuses les unes que les autres! Je voyage avec vous😀
Pour moi qui ne bouge plus guère et qui ne vois pas grand monde, ça fait vraiment du bien de te suivre ! De la chaleur humaine, de l’espace, du vrai, du concret, de l’authentique …
Bravo pour la rédaction et les photos : il y a du potentiel !