Grézillé, le 19 Août 2020.
Le doyen du village troglodyte TrogloBal s’appelle Gajac. Ma première rencontre avec lui se fait dans la cour commune. Il sort de sa grotte, pipe au bec, et s’assoit discrètement. Il observe sans dire mot. Son regard malin, et son sourire bienveillant m’intriguent. Sans savoir pourquoi, j’éprouve directement une grande sympathie à son égard. J’entame la conversation maladroitement « Bonjour, c’est toi qui a pris les photos suspendues dans la cuisine ? » Il me répond par un hochement de tête puis « Tu as lu ma gazette ? » Je comprends qu’il me jauge. Il ne sait pas ce que je fais là, et veut en savoir davantage avant de se dévoiler.

Gajac vient simplement de l’abréviation de ses nom et prénom Jacques Gagneraud. Il a passé sa vie à photographier la vie des gens. Son métier ? Photographe ambulant. Il passe sa vie à voyager, observant et immortalisant le monde qui l’entoure. Son regard toujours amusé vient de sa curiosité débordante, et de la manière positive de voir le monde. C’est d’ailleurs ce qu’il partage dans sa gazette bi-mestrielle « Le colibri ». Il y écrit ses pensées, ses aventures et les nouvelles du village. Sa plume est douce et positive, et ça fait du bien.
Ses voyages, depuis quelques années, sont portés par un grand projet. Il souhaite relier tous les projets et lieux de vie dits « alternatifs ». Il en recense déjà des dizaines, et reste en constante recherche de nouveaux endroits où poser son tipi le temps d’un voyage. Il me montre sa fameuse carte, surlignée consciencieusement au marqueur jaune.

Le jour de mon départ, j’abrite mon vélo chargé près de chez lui. A mon retour, je le retrouve assis à la table commune, appareil photo autour du cou. Il y a toujours cette pointe d’amusement dans son regard. Je lui souris, et lance « Toi, tu attends que je parte pour me prendre en photo avec mon vélo ». Il me répond d’un oui franc et satisfait « Comment tu sais ? Je suis toujours triste lorsque quelqu’un s’en va. » Je crois qu’il m’apprécie, et cette idée me réjouit car c’est réciproque. Je suis effectivement tombée sous le charme de cet octogénaire. N’étant pas très douée pour exprimer mes émotions, il le découvrira en lisant ces lignes…
